Le créateur reste toujours à l’affût, le nez au vent et les yeux grands ouverts : une forme, un motif, un mélange de couleurs vus dans un bus, dans la rue ou à la télé et l’imagination s’enflamme. L’inspiration vient. Ou pas.
Alors que je cherchais un nouveau thème de collection, le hasard est entré en jeu. C’est Emma qui m’a donné l’idée, sans le vouloir, sans même le savoir sans doute. Alors qu’elle mélangeait ses couleurs sur un flanc de cuivre, le hasard a voulu qu’elle forme un motif de cœur. Cela lui a plu, elle l’a gardé. La poudre d’émail n’était ni trop sèche, ce qui aurait empêché de former un motif, ni trop mouillée, ce qui n’aurait pas permis de le conserver. Mais en voyant le geste d’Emma et le résultat, cela m’a évoqué un autre cœur, celui que font les baristas dans le café latte (technique – ou art – appelé « Latte Art »). J’avais déjà repéré ces créations et l’idée m’était restée dans un coin de la tête, me disant qu’un jour j’essayerai…
J’ai donc écumé toutes les vidéos que j’ai pu trouver sur les dessins faits dans la mousse de crème du café ; geste qui paraît très facile à réaliser, mais qui ne l’est pas bien évidemment. Parmi les vidéos consultées j’ai retenu certains motifs qu’il me paraissait possible de faire en émail et qui m’inspiraient. J’ai d’abord commencé par essayer selon une méthode que j’affectionne particulièrement et que j’ai baptisée « touillette » car on « touille » (mélange) les couleurs directement dans le four. L’inconvénient c’est que les couleurs sont rougeoyantes : on ne les distingue pas forcément les unes des autres, et qu’il faut être rapide car le four est alors réglé à très haute température, ce qui est très chaud (sic).
Conclusion de cet essai : je confirme que les gestes des baristas sont d’une grande technicité. Par ailleurs, dans le four je ne peux pas former un motif précis car le hasard joue beaucoup dans cette technique à chaud et les secondes chances impossibles : une fois formé, le motif ne peut pas être modifié. J’ai réalisé quelques pièces, mais je n’étais pas tout à fait satisfaite : comme cet arbre que j’aurai voulu plus symétrique (même si au final la pièce me plaît quand même).
Arbre de vie touillette « cercles de café » © Chemin d’émail
J’ai alors repensé au geste d’Emma et me suis dit que le faire à froid permettrait plus de contrôle sur le dessin obtenu et, éventuellement, des retouches. Le tout est de bien doser l’eau. J’applique donc les aplats de couleurs côte à côte, sans les mélanger comme le barista fait avec le café et la crème. Puis avec une pointe je trace un sillon ou un cercle (selon l’effet désiré), dans un seul sens ou dans les deux. L’émail forme alors un motif et, si j’ai bien dosé mon eau, ne se mélange pas mais conserve le dessin souhaité. J’ai commencé mon test sur le motif que les baristas appellent hibiscus… et que j’ai adapté au bleuet cher à nos Poilus (voir la collection « bleuet »).
Hibiscus © Chemin d’émail
J’ai donc créé une collection émaillée « Emma et le café », déclinée en médaillons ou en tableaux.
Voici donc quelques exemples de cette collection :
– fleur « bleuet »
– carré « ailerons »
– médaillon « étoile de café »
– médaillon rouge/blanc « cercles de café »
– médaillon touillette « yin yang de café »
Bien sûr, je remercie Emma, sans qui tout cela n’aurait peut-être pas existé…